« Mon mignon, mon Luukas. Ce petit ange est si parfait. J'ai créé la plus belle et délicate des créatures. »

« Il me fait vraiment penser à sa mère. Complètement imbu de lui-même et éternel insatisfait. »

Papa Roopertti a, avait et aura toujours raison à ce sujet. Oui je m'aime. Pas un peu, ni beaucoup. Je dirais passionnément et à la folie. C'est que je me connais que trop bien. Et si je ne suis insatisfait, ce n'est que des autres.

Parce que je suis amusant et que le monde lui, est triste et morne. Je blague, et m'amuse de tout, de rien. J'affiche un sourire moqueur pour un oui ou pour un non. Je suis sarcastique. J'use et j'abuse de l'ironie, la manie avec adresse et efficacité. Pourtant, personne ne me comprend, ou n'aime ma façon de plaisanter. On se vexe, trop souvent, on s'énerve, s'emporte, me reprend ou me rejette. Si ce n'est pas avec des mots, c'est avec des coups qu'on essai de me retirer ce sourire fourbe et vil, toujours en coin, car extrêmement amusé. Mais tout ceci est vain. Même après être passé à tabac, même après avoir entendu les pires horreurs à mon sujet, je continue de sourire voir de rire, carrément.
Aucun second degré, les gens sont d'un triste.
Oui, peut-être suis-je vexant, en fait. C'est-à-dire que je ne me moque pas de choses inutiles ou de situation inventées. Non, ce n'est pas mon genre. Trop franc, trop direct, je ne peux me rire que de la vérité. Cette même vérité qui blesse douloureusement. Alors ça, vraiment, je m'en régale, m'en délecte. Je m'esclaffe de voir quelqu'un s'échauffer et bouillir jusqu'à finalement déborder. J'aime provoquer, sans doute. Mais tout ceci, ce n'est qu'une histoire de curiosité, malsaine certes, mais excusable, j'en suis certain. Les autres ne sont amusants que lorsqu'ils sont poussés à bout. Dès qu'ils atteignent leurs limites et se mettent à cracher leur venin, je me sens fier et tout émoustillé. Intéressants petits êtres... Je me plait à me mettre volontairement en danger rien que pour voir la rage d'autrui. Je suis cinglé. Oui. Et j'adore ça.

Ce n'est pas la seule chose que j'apprécie. Après moi-même et le plaisir que me procure mes dérisions, je me complait à jouir d'un de mes plus grands péchés : la luxure. Une vie sans sexe serait inutile. C'est ma façon à moi de savoir, découvrir comment sont les gens, vraiment, au fond d'eux. Une personne dans l'intimité et tellement différente qu'à l'accoutumé. Alors toujours, ma curiosité est piqué à vif. Il suffit que quelqu'un me plaise, ou m'intéresse un tant soit peu et tout de suite, je la désire, profondément. Je n'y vais pas par quatre chemins, d'ailleurs, pour expliquer ce dont j'ai envie. Sans crainte, ni pudeur aucune, j'entraine les gens dans des mondes de vice et de plaisirs charnels.
Oh certes, parfois, quelques inconscients me repoussent. Inutilement, je dirais. Je suis si capricieux sur le sujet. Alors je pleure, je prie et je supplie. Je me montre on ne peut plus convainquant, par les mots, par les gestes. On ne résiste pas. J'aime pousser les gens à bout et les entendre dire qu'ils ont envie de moi. Cela regonfle mon égo déjà bien imposant et me rend foncièrement plus doux, ou plus gentil. S'il y a bien une chose avec laquelle je ne rigole pas, c'est l'amour. Pas le sentiment, j’entends bien. Je ne m'encombre pas de ce genre de futilités.
C'est pour cette raison que l'on me pense indécis. Parce que je prends et je jette facilement, trop facilement. Je ne suis pas nymphomane, ni libertin. Je me lasse vite, c'est bien tout. Tantôt lui, tantôt elle et un ou une autre juste après. Dès que j'ai compris, dès que j'ai connus, j’envoie ailleurs, me débarrasse sans culpabilité aucune et finis par ignorer les plus tenaces. Comme si je ne trouvais jamais chaussure à mon pieds.
De toute évidence, en aucun cas personne ne pourra un jour m'égaler.

Autrement, qu'ajouter ? Je n'aime pas vraiment à parler de moi. Les autres sont faibles, niais. Ils s'attachent bien trop vite. Quand on découvre une personne telle que moi, si intelligente, si désirable, si intéressante et parfaite ! Forcément, l'envie d'être proche, de tisser des liens apparaît. Les gens sont comme des sangsues et je n'ai pas assez de sang pour tout le monde.
Il m'en faut garder pour mes sautes d'humeur répétées. Je me fâche rapidement et soudainement, même. Je m'emporte pour pas grand chose, la plupart du temps. A cause d'évènements qui, un jour avant ou une semaine après n'auraient même pas attiré mon attention. Un regard ou un sourire qui n'est pas à mon goût, une phrase de trop ou au contraire un silence déplaisant, un geste quelconque, une expression tout aussi anodine. Je n'ai besoin de rien d'anormal pour piquer ma crise. C'est juste une histoire de mauvais endroit, et de mauvais moment, dirons-nous.
Oui, je suis lunatique. Ou dérangé ?